Message
clé : « L’ALIMENTATION EST UN DROIT ET NON UN LUXE ».
-Définitions et historique de la sécurité alimentaire
Apparue dans les années 70, la première
conceptualisation de la sécurité alimentaire a résulté des circonstances
défavorables et malheureuses de la sécheresse dévastatrice au Sahel (en 1973)
suivie d’une crise alimentaire mondiale (en 1974). C’est à la faveur de ce
tableau sombre qu’en 1974, la FAO a pu définir de façon minimale le concept de
la sécurité alimentaire lors du sommet mondial sur l’alimentation. A ce moment,
on entendait par sécurité alimentaire « la stabilité de l’approvisionnement des produits alimentaires de base
afin d’éviter les pénuries alimentaires, tout en favorisant une progression
régulière de la consommation et en atténuant les fluctuations de la production
et du prix ».
Cette définition a reflété les tendances économiques et les réalités politiques
de l’époque. Elle a priorisé le stockage des denrées, la mise en place d’un
système d’alerte rapide et l’aide d’urgence. A cette époque, la sécurité
alimentaire visait des situations ponctuelles d’aide alimentaire en période de
famine.
Lors du Sommet Mondial sur
l’Alimentation organisé par la FAO en 1996, les États se sont entendus pour
(re)définir la sécurité alimentaire
ainsi : « Elle est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont un
accès physique et économique à une alimentation suffisante, saine et nutritive
leur permettant de satisfaire leurs besoins nutritionnels et leurs préférences
alimentaires pour leur permettre de mener une vie saine et active ». De nos jours, assurer à chaque individu un accès régulier et permanent
à une alimentation suffisamment et qualitativement équilibrée devient un défi
pour les États et institutions spécialisées dans le domaine alimentaire.
-
La sécurité alimentaire dans le monde
On estime à près d’un milliard le nombre
d’individus frappés par la faim et la sous-alimentation
dans le monde. Qui pis est, ce phénomène
est en constante montée. Les données
prouvent qu’il y a plus de 46% de cultivateurs qui vivent dans l’insécurité
alimentaire dans le monde. Ironie du sort !
Actuellement, le monde est très inégal en
matière alimentaire et nutritionnelle. Dans certains pays, il y a du gaspillage
alimentaire, dans d’autres la pénurie alimentaire.
-La sécurité alimentaire en Haïti
En Haïti, la question
alimentaire devrait être élémentaire. Un simple regard circulaire sur la
société haïtienne nous montre que
l’insécurité alimentaire constitue un handicap majeur pour le bon
fonctionnement du pays. Selon les récentes données de la CNSA, il y a plus de 3
millions de personnes qui vivent dans l’insécurité alimentaire dans le pays.
En plus, les conditions de
base pour nourrir la popuation font défaut. Là, nous pouvons citer les
condition socio-économiques, les conditions climatiques, les conditions
juridiques etc.
-
Approches juridiques de la sécurité alimentaire
L’approche juridique de la sécurité
alimentaire est un nouveau paradigme de développement qui semble être le moyen
le plus sur pour atteindre l’objectif de la sécurité alimentaire.
En matière de sécurité
alimentaire, il revient à chaque État de rendre disponible et accessible une
alimentation quantitative et qualitative aux individus pour qu’ils puissent
mener activement et sainement leur vie. Mais, en Haïti, selon les statistiques,
plus de 3 millions de bouches n’arrivent pas à consommer la quantité de
nourriture suffisante par jour pour tenir en santé l’organisme. Et qui pis est,
à cause de l’extrême pauvreté qui gagne du terrain, les gens touchés par
l’insécurité alimentaire forment la catégorie la plus vulnérable et négligée
dans la société haïtienne.
En Haïti, la question
alimentaire devrait être élémentaire. Un simple regard circulaire sur la
société haïtienne nous montre que l’insécurité alimentaire constitue un handicap
majeur pour le bon fonctionnement du pays. Ce sont les plus ¨affamés ou
démunis¨ qui sont souvent prêts pour gagner les rues au moment des troubles
politiques, ce sont souvent ceux qui ne peuvent pas manger à leur faim qui
connaissent la vulnérabilité sous toutes ses formes. Sur ce, si l’on veut
vraiment, dans une perspective des droits humains, créer des conditions
d’existence axées sur la dignité humaine et la protection sociale, l’État haïtien
devrait faire de la sécurité alimentaire sa priorité politique. Car, en réalité,
l’un des problèmes fondamentaux du pays est l’insécurité alimentaire. Toute
perspective sociale n’a de sens que
lorsque chaque personne sur le territoire ait accès à une nourriture équilibrée
et ceci selon ses préférences alimentaires.
Conclusion
La sécurité alimentaire
n’est pas un slogan politique, elle est une réalité et un fait social. Et de ce
fait, elle nécessite le concours de tous les acteurs de la vie nationale. Par
conséquent, pour combattre la faim au niveau national et assurer la sécurité alimentaire
de la population, les autorités étatiques et les autres acteurs devraient s’engager à
définir une politique publique de gouvernance alimentaire.
Pour contrer les problèmes
alimentaires dans le pays, nous devons entamer des débats nationaux sur la
nécessité de mettre en place un système de sécurité alimentaire bien défini et
d’appliquer des programmes d’aide alimentaire en faveur des personnes les plus
vulnérables tout en prenant en compte la dignité de chaque individu. Les
acteurs dont le souci est de nourrir la population haïtienne doivent savoir que
ventre affamé n’a point d’oreille.
Le temps est venu pour
qu’une génération d’hommes et femmes commence à appliquer les méthodes
adéquates pour sortir Haïti de ce marasme alimentaire.
Mécaniser et relancer notre
agriculture, créer des emplois liés au secteur agricole, renforcer les
institutions travaillant dans le domaine agricole et aussi appliquer des lois
spécifiques à la sécurité alimentaire pourraient être considéré comme des
portes de salut pour atteindre l’objectif de la sécurité alimentaire en Haïti.
Si rien de systématique n’est fait pour assurer
le droit à la sécurité alimentaire de la population haïtienne, le pays risque
de se vautrer dans une situation alimentaire chronique. Pour cela, les énergies
doivent être orientées dans le sens où il est impératif de trouver des
solutions drastiques à ce problème récurrent dans le pays.
L’haïtien qui vit dans
l’insécurité alimentaire chronique est considéré comme un exilé de sa propre
société. Pour éviter de faire des exilés pour la nourriture en Haïti, nous
devons penser la sécurité alimentaire de façon systématique. En résumé, la
coopération entre tous les acteurs est primordiale dans la recherche des
solutions durables en vue de nourrir adéquatement la population haïtienne.
Uel Davidson A. Olivier
Licencié en Droit
Président
Société Haïtienne de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SOHASAN)
davidsonolivier2012@gmail.com