jeudi 12 avril 2018

La législation haïtienne en matière alimentaire.


La législation haïtienne en matière alimentaire.

Par Uel Davidson OLIVIER, Avocat
Directeur Exécutif de la Solidarité Haïtienne pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SOHASAN).

infosohasan@gmail.com ; (509) 36078456.
La législation haïtienne n’est pas truffée de textes à caractère légal, constitutionnel et conventionnel en matière alimentaire. Ce corpus juridique tire ses sources à plusieurs niveaux : national, régional et international. Toutefois, nous constatons un vide juridico-légal car il n’y a aucune loi spécifique à la sécurité alimentaire ni au droit à l’alimentation.

a.      Au niveau national

Dans la constitution de 1987, nous trouvons différents articles qui ont rapport aux droits de la personne : articles 19 et 22.

En Haïti, nous avons peu de lois statuant sur la question alimentaire. Certaines dispositions éparses se trouvent dans des textes légaux ou décrets traitant autres sujets. Il faut signaler que, jusqu’à date, le projet de loi portant création de l’Office national de la sécurité alimentaire ni celui sur la réforme agraire sans oublier la proposition de loi sur la souveraineté et sécurité alimentaire et nutritionnelle ne sont pas encore votés par le parlement haïtien.

-         -  décret du 30 septembre 1987 modifiant l’organisation et le fonctionnement du Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR) ;
-          - Code rural haitien ( Code de Duvalier).
D’autres instruments sont à considérer : le Plan national de la sécurité alimentaire et nutritionnel(PNSAN) et le Document de la Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSNCRP).

b.      Au niveau régional

En 2009, le pays a ratifié la convention inter-américaine pour l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les personnes handicapées.

c.       Au niveau international

Haïti a accepté les principes de la déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH). Elle est partie à la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale depuis 1972, à celle sur l’élimination à l’égard des femmes depuis 1981, à la convention relative aux droits de l’enfant en 1995, au pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) en 1991 et elle a ratifié le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) en 2012.

Pour finir nous formulons des propositions pour combler le vide juridico-légal en matière alimentaire en Haïti : Il faut:
1.      Doter le pays d’un cadre légal propre à la sécurité alimentaire, à la nutrition et au droit à l’alimentation.
-          ( - Vote et Publication du projet de loi créant l’office national de la sécurité alimentaire et nutritionnel (ONASAN); vote du projet de loi sur la souveraineté et  sécurité alimentaire et nutritionnelle; rédaction d’une législation nationale alimentaire (Réglementation foncière, code haïtien de l’alimentation, loi sur la production agricole, loi sur la commercialisation des semences et l’importation); 
a.      Voter une nouvelle loi sur les ONG travaillant dans le domaine agricole et dans le monde rural.
b.      Voter et publier de lois d’exécution pour les conventions ratifiées par Haïti en matière des droits de l’homme, la ratification du protocole additionnel au PIDESC et celle de San Salvador.

2.      Appliquer une politique de bonne gouvernance agricole:
-          (- La création de structures institutionnelles organisationnelles capables de bien gouverner le secteur agroalimentaire ;
-          - L’allocation budgétaire correspondant aux activités et besoins du secteur agroalimentaire.)

Toutes ces propositions doivent passer par une manifestation de la volonté politique, une vaste campagne nationale d’éducation sur les droits humains, en particulier sur le droit à l’alimentation et un plaidoyer musclé des organisations de la société civile pour mettre en œuvre les principes du droit à l’alimentation en faveur les couches les plus vulnérables.

Par Uel Davidson OLIVIER, Avocat
Directeur Exécutif de la Solidarité Haïtienne pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SOHASAN).

infosohasan@gmail.com ; (509) 36078456

lundi 9 avril 2018

Analyse du projet de loi sur la souveraineté et sécurité alimentaire et nutritionnelle en Haïti.



Analyse du projet de loi sur la souveraineté et sécurité alimentaire et nutritionnelle en Haïti.

Par Uel Davidson OLIVIER, Avocat, chercheur en sécurité alimentaire, directeur exécutif de la SOHASAN. davidsonolivier2012@gmail.com

Le gouvernement haïtien a récemment présenté au parlement un projet de loi sur la souveraineté et sécurité alimentaire et nutritionnelle pour subir un vote. Ce texte, s’il répond aux exigences et aux besoins alimentaires de la population ne pourra que contribuer à priori à contrer les difficultés et problèmes d’insécurité alimentaire vachement présents dans ce pays tout en instituant les bases légales et institutionnelles adéquates. Il convient d’admettre que l’apport de ce projet de loi résulte de son contenu et de sa définition des obligations de l’État dans tout processus de garantie de la sécurité alimentaire. Pour bien comprendre et cerner les enjeux de cette future loi, une présentation de quelques articles de sa rédaction initiale s’avère importante.

Cette ébauche de loi est divisée en plusieurs titres et chapitres. Dans le premier paragraphe de la mise en contexte, le législateur a décrit la situation difficile qui prévalait en 2008 et a montré l’urgente nécessité pour que le gouvernement haïtien agisse en conséquence. Plus loin, les rédacteurs de ce projet ont relaté les catastrophes naturelles qui ont frappé le pays au cours de la même année.  Les quatre cyclones tropicaux qui ont frappé successivement le pays en moins de deux mois (juillet-aout 2008) détruisant sur leur passage plusieurs vies humaines, de nombreuses infrastructures de communication, de production agricole ainsi que des récoltes en préparation, aggravant la situation de pénurie alimentaire (…) ont montré l’urgente nécessité pour le gouvernement haïtien d’accorder une attention particulière à tout ce qui concerne la protection du droit du peuple tout entier.

La CNSA, dans son travail de prévision, a incessamment attiré l’attention du gouvernement sur l’état de l’insécurité alimentaire grâce à ses observatoires de la sécurité alimentaire et à ses réseaux d’informations. Ces événements catastrophiques ont mis à nu la faiblesse des mécanismes de réponse et l’incapacité de gestion de l’État aux situations d’urgence alimentaire et nutritionnelle. Ce constat montre l’obligation à instaurer un mécanisme de planification de structuration, de concertation et de coordination du domaine alimentaire et nutritionnel pour garantir le droit de chacun à une nourriture suffisante et saine de façon durable. Sur ce, force est-il d’avoir une loi spécifique sur la sécurité alimentaire pour consacrer le droit à l’alimentation et à la sécurité alimentaire dans le pays.
Avant d’entrer au fin-fond du texte, le législateur a présenté une liste non exhaustive d’éléments fondamentaux à prendre en compte. Ce sont :
-                      Définition du système national de sécurité alimentaire et nutritionnelle
-                      Principes et composantes du système
-                      Organisation et gestion du système
-                      La mise en place d’un «  Conseil National  de Sécurité  Alimentaire » au niveau central et des collectivités locales
-                      La création d’un « Fonds National de Sécurité  Alimentaire et Nutritionnelle»
-                      La mise en place d’Observatoires départementaux de la sécurité alimentaire,
-                      Les mécanismes de protection  et de contrôle du système.

Dans le préambule, le législateur a pris le soin de mentionner les différents articles dérivés des traités, des conventions, de la constitution de 1987, des lois et des décrets ayant rapport avec le droit à l’alimentation. Parmi les conventions citées, la DUDH et le PIDESC sont les instruments internationaux clés pour le droit à l’alimentation.  En sus, la constitution, loi mère du pays, est aussi mentionnée comme base juridique. A coté du décret du 30 septembre 1987 portant organisation et fonctionnement du MARNDR, nous retrouvons la loi portant organisation et fonctionnement de l’ONSA. Cette dernière loi qui n’est encore publiée dans le journal officiel du pays institue les bases institutionnelles devant coordonner les actions allant dans le domaine de la sécurité alimentaire en Haïti. Le législateur dans l’exposé des motifs a beaucoup misé sur les articles 19 et 22 de la constitution de 1987 comme une garantie constitutionnelle, mais dans la pratique plus de 3 millions d’haïtiens végètent encore dans l’insécurité alimentaire. Ce qui nous met à l’évidence qu’il ne suffit pas d’avoir les instruments juridiques appropriés, il faut les rendre effectif. C’est surtout à travers leur effectivité que les lois tiennent force.

Le titre 1 traite du système national de sécurité alimentaire et nutritionnelle et à son premier chapitre les objectifs et fins de ce système. L’article (1) établit un système national de sécurité alimentaire et nutritionnelle qui est axé sur une série d’institutions et d’organisations publiques, privées, territoriales, communales et locales pour matérialiser des projets et pour canaliser les ressources, de façon à ce que les activités  relatives à la production, à la disponibilité, à la distribution, à la stabilité de l’approvisionnement, à l’accessibilité et à la consommation se concrétisent avec toute la coordination nécessaire à tous les niveaux. Cet article semble vouloir instaurer une chaîne alimentaire structurée en vue de garantir le droit à l’alimentation et la sécurité alimentaire de la population sans discrimination. Cependant, le fait que le législateur n’a pas insisté sur les éléments primaires de la sécurité alimentaire à savoir l’accès à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles pour les paysans, cela ne constitue pas une preuve probante de résolution de la situation alimentaire . Car, si les terres cultivables ne sont pas accessibles aux paysans afin qu’ils cultivent en toute sécurité foncière pour nourrir la population, cela pourra entraîner un effet néfaste à la production nationale. Sans terre, ni eau ni semences, ceux dont la tache essentielle est de travailler la terre ne peuvent en rien produire suffisamment pour nourrir le pays.

A l’article (2), il est fait mention de la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle appelée couramment « Politique d’État » et « Action prioritaire du Gouvernement ». « Elle a pour objectif principal de veiller à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de toute la population haïtienne. Elle est définie comme étant un droit humain qui garantit l’accès physique et économique de tous les habitants à des aliments sains, nutritifs, suffisants et de bonne qualité, préférablement d’origine nationale, conformes aux habitudes culturelles, aux préférences et aux coutumes alimentaires de la population, pour une vie saine et économiquement productive»[1]. L’objectif défini ici est intéressant. L’État haïtien doit assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle de sa population. Il n’en demeure pas moins que le manque de structure et de cohérence dans la matérialisation de cet idéal fait de cet objectif  un leurre, une chimère. Car, dans la pratique, il y a souvent un écart entre l’existence d’une loi et son exercice effectif. De plus, l’État haïtien expose la faiblesse de ses moyens ou tout bonnement le manque de moyens comme prétexte à chaque fois qu’il doit garantir la sécurité alimentaire de sa population. En ce sens, les actions concrètes progressives sont une garantie plus sure pour l’atteinte de l’objectif de la sécurité alimentaire. Au cas où l’État haïtien met en exergue cette définition, on arrivera à diminuer le taux élevé de malnutrition et d’insécurité alimentaire dans le pays.  Il faut aussi à l’Etat haïtien une bonne gouvernance agricole et de grands investissements dans le secteur agricole.
Dans l’article suivant (art.3)[2] de cette ébauche de loi, le but poursuivi est d’apporter une réponse urgente aux problèmes d’insécurité alimentaire en priorisant les couches les plus vulnérables ; l’atteinte de ce but passe nécessairement, selon l’esprit de cet article, par la formulation et l’exécution de politiques sectorielles, plans, programmes et projets stratégiques à cette fin. L’une des faiblesses décelées dans cet article est que le législateur n’a pas insisté sur la sécurité foncière des petits agriculteurs comme groupe social défavorisé. Le problème d’accaparement des terres et les conflits terriens deviennent monnaie courante en Haïti. De 2002 à 2012, on a enregistré plusieurs cas d’accaparement des terres. Et ce phénomène grandissant se multiplie dans la zone du département du Nord et du Nord-est.

Le chapitre 2 parle des principes fondamentaux et des composantes du Système National de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (SNSAN). L’article en question développe les principes fondamentaux tels que la souveraineté alimentaire, la participation citoyenne, la durabilité, la solidarité et la décentralisation.
-          La souveraineté alimentaire[3] :
Cette façon d’aborder la souveraineté alimentaire semble être adéquate à l’exigence du moment. Le législateur a souligné les éléments de base à la sécurité alimentaire (accès à la terre, à l’eau et aux intrants, au marché etc.). Ces éléments constituent le socle de la sécurité alimentaire.
Considérée comme une alternative nécessaire aux politiques libérales en ce qui concerne les produits alimentaires, l’Etat haïtien n’est pas encore prêt à assumer les conséquences (positives ou négatives) de la souveraineté alimentaire, car en termes de concurrence, l’importation l’emporte sur la production nationale selon les statistiques (52% : importation, 43% :production nationale). Il est vrai que le législateur a souligné le concept de souveraineté alimentaire dans ce projet de loi mais il ne dit pas clairement les choix politiques de l’État en vue de garantir la sécurité alimentaire de la population. Pour appliquer les principes de la souveraineté alimentaire, il est important de mettre en place une politique agricole adéquate.

Haïti, selon toute vraisemblance, n’est pas encore prête à adopter la souveraineté alimentaire, il serait mieux de penser à une étape préliminaire : l’autosuffisance alimentaire. Cette dernière désigne la proportion des aliments qui se consomment sur un territoire, généralement un Etat, et qui en proviennent.

-          Participation citoyenne
Telle que développée ici, la participation citoyenne a une portée sociale. Les rédacteurs de ce projet n’ont pas fait ressortir les trois niveaux de participation citoyenne (sociale, politique et  publique).Toutefois, vu sous l’angle social, la participation citoyenne poursuit l’objectif de faire participer les citoyens aux différentes activités en les consultant et les informant des projets à implémenter dans leur zone. Elle vise aussi la recherche du bonheur et du bien-être du citoyen en lui intégrant dans les prises de décision. Nous sommes en droit de souligner que cet objectif est de garantir à tout citoyen,  une alimentation saine et suffisante. L’une des remarques que l’on peut faire dans cette partie, c’est la volonté du législateur d’intégrer et de faire participer activement les citoyens, les organisations de la société et toutes autres organisations socioprofessionnelles dans le processus de mise en branle du droit à l’alimentation de chacun. Pour y arriver, cela doit se faire sans discrimination.

-          Durabilité
« Les programmes et projets de sécurité alimentaire seront basés sur la préoccupation de la protection de la biodiversité, des ressources naturelles et de l’environnement afin de garantir la satisfaction des besoins des générations présentes sans préjudicier ceux des générations futures, ce dans le strict respect des lois en rigueur » (extrait). Lorsque nous analysons le concept de durabilité, telle que développée dans cette partie, il peut être remplacé par celui du développement durable. Car, l’explication donnée obéit de préférence à la logique du développement durable où la génération actuelle doit léguer à la génération future un héritage acceptable pouvant assurer la transition générationnelle.

-          Solidarité
Pour combattre la malnutrition et lutter contre la faim, la solidarité entre les États et les acteurs est sine qua non. Un État à lui seul ne peut résoudre le problème de la faim. 
Cependant, nous avons décelé une lacune dans cette partie. La phrase introductrice de ce principe a plus de rapport avec la dignité humaine que la solidarité. Ce qui entraine  une incohérence conceptuelle. Au lieu de développer la solidarité, le rédacteur a plutôt parlé de dignité humaine, ce qui exige une littérature plus beaucoup fignolée.

-          Décentralisation
En Haïti, la décentralisation reste un débat ouvert (interminable). Dans le domaine alimentaire, la nécessité est urgente pour rendre effective la sécurité alimentaire. Autant que les collectivités territoriales ont la capacité et le pouvoir de donner des réponses concrètes aux difficultés alimentaires, autant que le droit à l’alimentation des couches vulnérables de la population sera garanti. Un ensemble d’efforts devrait se consentir afin de favoriser le droit à l’alimentation et la sécurité alimentaire.

Nous avons pu déceler certaines faiblesses dans la présentation des principes fondamentaux de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour nous, certains concepts doivent être remplacés par d’autres et qu’une définition plus synthétique et claire doit être fournie aux concepts.
Ensuite, l’article 5 énumère sommairement les catégories qui font partie du système national de sécurité alimentaire et nutritionnelle : Ce sont, entre autres, toutes les institutions nationales, tous les programmes et projets dont les buts et objectifs sont relatifs à la sécurité alimentaire de la population. Cet article est flou. Car lorsqu’on sait la foultitude d’acteurs, d’institutions locales, nationales et internationales,  d’ONG etc qui ont un programme ou un projet (souvent de courte durée) sur la sécurité alimentaire,  cela peut causer un problème de coordination et de suivis dans les actions sur le terrain. A force de vouloir trop élargir le cadre, on risque de ne pas pouvoir le contrôler.
Le titre II traite de l’organisation et de la gestion du système. Le conseil supérieur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle placé sous la tutelle du premier ministre contrôle ce système. Ce dernier est composé comme suit :
-                      Le Premier Ministre du Gouvernement                                                                  Président
-                      Le Ministre de l’Agriculture (MARNDR)                                                1er Vice-Président
-                      Le Ministre de la Santé Publique (MSPP)                                              2ème Vice-Président
-                      Le Ministre de la Planification (MPCE)                                                                   Membre
-                      Le Ministre de l’Education Nationale(MENFP)                                                      ‘’’’’’’’’’ 
-                      Le Ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales (MICT)                              ‘’’’’’
-                      Le Ministre du Commerce (MCI)                                                                             ‘’’’’’’’’’
-                      Le Protecteur du citoyen (OPC)                                                                          ‘’’’’’’’’’’’’’
-                      Le Directeur Général de l’ONSA                                                            Secrétaire Exécutif
-                      Deux Représentants de la société civile organisée                                                 Membres
-                      Deux représentants des ONG nationales spécialisées en matière de sécurité alimentaire                                                                                                                                                          ’’’’’’’’’’’’’
-                      Deux représentants des organisations paysannes de producteurs agricoles        ‘’’’’’’’’’’’’’
-                      etc.

A l’article suivant, le législateur relate la mission du conseil supérieur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle qui est d’assurer une bonne gestion du SNSAN, de définir des politiques, plans et programmes du gouvernement en matière de sécurité alimentaire. Le CSSAN a une couverture nationale à travers ses comités spéciaux.

Au chapitre II, une présentation détaillée des attributions du CSSAN est faite. L’article (7) stipule le conseil supérieur de la sécurité alimentaire a pour attribution de :
-                      Proposer  la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle et veiller à son respect,
-                      Promouvoir pour son vote par le parlement, la législation relative à la sécurité  alimentaire et nutritionnelle, et supporter les règlements d’administration y relatifs.
-                      Veiller au respect des  accords et conventions signés par le gouvernement en matière de sécurité alimentaire,
-                      Veiller à l’intégration des aspects de sécurité alimentaire dans les programmes préparés par les différents secteurs de l’activité nationale,
-                      Coordonner et articuler au niveau interinstitutionnel et intersectoriel les activités des différents secteurs engagés dans la sécurité alimentaire,
-                      Veiller à la bonne mise en œuvre des plans, programmes, objectifs, préparés par les institutions  publiques en matière de sécurité alimentaire
-                       Veiller à l’harmonisation de la politique de sécurité alimentaire avec la politique macroéconomique du gouvernement et avec les stratégies de réduction de la pauvreté,
-                      Évaluer le niveau d’exécution des plans et stratégies, émettre des avis à leur sujet et les réorienter si nécessaires,
-                      Définir les normes et conditions d’allocation du Fonds National de sécurité alimentaire et approuver le budget annuel du fonds.
-                      Veiller à la diffusion à tous les niveaux des informations sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population en coordination avec l’Office National de la Sécurité Alimentaire,
-                      etc.

 Dans le chapitre III, le législateur a présenté les conseils territoriaux de sécurité alimentaire. Il a aussi insisté sur le fonds national pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Au chapitre IV, un fonds est créé pour financer les programmes et projets spéciaux relatifs à la sécurité alimentaire et toutes autres activités ayant des rapports directs avec le système. En majeure partie, les attributions des observatoires départementaux de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont présentées au chapitre V.  A l’article suivant, on peut lire ce qui suit : ces observations auront pour attributions essentielles de :
Ces observatoires auront pour attributions  essentielles de :
-                      Offrir un cadre de concertation entre les différents acteurs concernés par la problématique de l’insécurité alimentaire
-                      Assurer, à travers un mécanisme fiable d’information,  le suivi et l’évaluation  des programmes de sécurité alimentaire  mise en œuvre dans les   collectivités / localités
-                      Faciliter la communication et la coordination entre les acteurs et intervenants dans le domaine de la sécurité alimentaire au niveau territorial
-                      Aider à l’harmonisation des approches et créer la synergie et la complémentarité entre les différents acteurs en vue de rationaliser les programmes d’intervention  et de maximiser leur impact sur les populations
-                      Améliorer la surveillance nutritionnelle des enfants en vue de  contribuer à l’amélioration de la situation sanitaire et au développement des enfants, en particulier dans les zones rurales.
-                      Contribuer au  renforcement du système national de surveillance en tant que pourvoyeurs d’informations:
-                      assurer la collecte, l’analyse et la diffusion des données à l’ensemble des décideurs en matière de sécurité alimentaire  au niveau national, communal  et local de façon à leur permettre de  mieux comprendre la nature et l'envergure du phénomène d’insécurité alimentaire et pour faciliter l’orientation et l’élaboration  des stratégies d'intervention et le travail de tous les acteurs sur  le terrain.

Et enfin, la protection et le contrôle du système sont développés au chapitre VI. Dans cette partie, les responsabilités de l’État sont clairement définies. Toutefois, nous soulignons que dans ce document, on n’a pas développé les dispositions générales et spéciales.

En résumé, la version initiale de la loi sur la souveraineté et  sécurité alimentaire et nutritionnelle a pour objectif général d’assurer un approvisionnement de nourriture saine et nutritive à tous les individus et ceci en tout temps. Toutefois, nous soulignons que cette loi ne prend pas en compte la situation des catégories les plus vulnérables, en particulier les petits agriculteurs et ensuite elle ne transcrit pas les programmes alimentaires lancés par le gouvernement haïtien dans le passé. 

Certes, cette future loi constitue un pas important pour le pays de résoudre certains problèmes alimentaires. Nous avons la sensation que cette loi viendra combler le vide légal existant dans le domaine plutôt que d’assurer un droit à l’alimentation à chacun et de rendre accessible une nourriture nutritive et saine pour atteindre l’objectif de la sécurité alimentaire. Beaucoup de choses restent à faire. Des propositions adéquates et des solutions drastiques doivent être adoptées pour contrer les difficultés de l’insécurité alimentaire.

Par Uel Davidson OLIVIER, Avocat, chercheur en sécurité alimentaire, directeur exécutif de la SOHASAN. davidsonolivier2012@gmail.com





[1] Extrait tiré du projet de loi sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
[2] « La présente loi a pour but de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de la population haïtienne, tout en priorisant les groupes sociaux, les plus vulnérables,  moyennant la formulation et l’exécution de politiques sectorielles, plans, programmes et projets stratégiques qui garantissent l’appui à la production nationale des aliments, facilitent le contrôle de qualité, la distribution et l’accessibilité de la majorité de la population, améliorent la consommation et protègent la santé de cette population».
[3] La souveraineté alimentaire consiste plutôt  en un ensemble de choix politiques et stratégiques destinées à corriger les excès et les déséquilibres provoqués par le modèle libéral de développement agricole afin de garantir la sécurité alimentaire des populations, quel que soit le territoire où elles se trouvent. Cet extrait est tiré du  dictionnaire juridique de la sécurité alimentaire, p.635- 636.